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Baiame, nouvelle divinité au Panthéon du vivant

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Un messie pour les invisibles

Après quelques milliards d’années à œuvrer de manière spectaculaire dans l’invisible, les microbes sortent enfin du silence. Voyant que les humains continuent à les considérer essentiellement comme des ennemis, porteurs de maladie et de mort, alors qu’ils leur garantissent la vie de mille manières, le syndicat des microbes s’est réuni pour mener une contre-offensive afin de se présenter aux humains tels qu’ils sont réellement, dans toute leur magnificence et leur puissance vitale.

C’est Baiame qui a pris la tête de cette croisade car il est le souverain incontesté des bactéries, levures, paramécies, virus, algues microscopiques et autres micro-organismes. Il est le passe-muraille entre les mondes visibles et invisibles, le messager à l’interface des mondes humains et microbiens. Baiame est le plus petit messie de l’Univers mais aussi le plus puissant. Il a réalisé bien plus de miracles que tous les prophètes humains réunis. Il est la source absolue et s’apparente au divin car sa lignée est immortelle. Il a conquis toutes les contrées terrestres et siège au cœur de tous les êtres vivants où il déploie ses pouvoirs magiques.

Baiame est le plus petit messie de l’Univers mais aussi le plus puissant. Il a réalisé bien plus de miracles que tous les prophètes humains réunis.

La résurrection de Baiame

Baiame emprunte son nom à la mythologie des Aborigènes d'Australie, dans le Temps du Rêve, où il est décrit comme une divinité de la vie et de la mort. Puissance créatrice primordiale, c’est en rêvant le monde qu’il le fait advenir. Un jour, il se rend sur Terre à la suite d'un déluge et réunit tous les êtres ayant survécu pour leur conter l'histoire de l'origine du monde et leur enseigner que tous les vivants dépendent les uns des autres pour leur survie.

C’est ce mythe de référence que Baiame a choisi pour s’incarner.

Parler le langage des humains pour s’infiltrer dans leurs codes est la seule manière de tisser un dialogue constructif et de forger un nouvel imaginaire. Les Aborigènes ont imaginé avec Baiame une entité qui semble incarner l’essence des microbes, bien qu’ils n’en aient pas eu connaissance. À l’image de cette figure mythologique, les microbes sont des êtres primordiaux. Ce sont eux qui ont été les premiers à expérimenter la vie jadis. Ils sont les maîtres suprêmes au jeu de l’évolution, président les cycles de la matière, commandent aux grands phénomènes terrestres et sont nécessaires à chacune des vies sur Terre.

Les microbes nous accueillent à notre arrivée au monde et nous ensevelissent à notre mort. Ils régissent nos interdépendances avec les autres vivants et se rendent indispensables jusqu’au tréfond de nos cellules. Même lorsqu’ils donnent accidentellement la mort, ils tracent de nouveaux chemins pour la vie. Ils font et défont la trame du vivant et sont donc à ce titre les grands metteurs en scène de nos existences.

Les microbes sont des êtres primordiaux. Ce sont eux qui ont été les premiers à expérimenter la vie Jadis. Ils sont les maîtres suprêmes au jeu de la vie, président les cycles de la matière, commandent aux grands phénomènes terrestres et sont nécessaires à chacune des vies sur Terre.

Voir pour croire

Aucune civilisation passée n’aurait pu imaginer la présence des microbes dans l’invisible et leurs pouvoirs innombrables. Il n’y a pas eu de récits, de cultes, de parades, de chants, de monuments en leur honneur. C’est pourtant grâce à ces représentations symboliques que la communauté humaine incorpore le monde invisible et magique à son inconscient collectif. Car nous autres avons besoin de voir pour croire.

Et pas simplement par le truchement du microscope. Mais par tout ce qui provoque ce sentiment d’élévation qui peut s’emparer de nous lorsque les mystères du monde nous sont contés. C’est donc à cet endroit précis, au croisement des savoirs et de la sensibilité que va se jouer ce renversement de perspectives. Et c’est tout le propos de Gloire aux microbes.

La mission Gloire aux microbes

Baiame est le commanditaire et le chef d’orchestre de Gloire aux microbes.

C’est sous ce nom de code qu’opère la mutation des imaginaires avec toute une délégation inter-espèces.“Gloire aux microbes” est en fait le cri de ralliement de cette légion microscopique et de tous les humains qui profiteront de cette illumination. Baiame sait que cette exclamation va surprendre, choquer, interpeller.

Chanter les louanges des microbes, ce n’est pas commun. Mais c’est la seule manière de réveiller les imaginaires décadents et léthargiques qui nous font croire que ces êtres microscopiques seraient nos ennemis alors qu’une infime minorité d’entre eux trouble la prospérité des vivants, là où l’immense majorité des microbes s’avère vitale. C’est donc pour lutter contre cette propagande bien établie chez les humains que Baiame a mis au point une contre-offensive de grande ampleur. Gloire aux microbes est une mission réellement inclusive et débordante de vie. Toutes celles et ceux qui savent chanter les mystères du monde et s’y pencher pourront prétendre à faire partie de cette légion microscopique afin de contribuer à produire les artéfacts de cette réconciliation.

Baiame a fait preuve d’une double audace. D’abord en utilisant le mot microbe, tellement connoté mais qui signifie pourtant simplement “petite vie”, le but étant de provoquer une inversion en amenant peu à peu les humains à charger le terme microbe positivement. L’autre morceau de bravoure pour Baiame est d’avoir osé célébrer, en pleine pandémie, ceux qui se retrouvaient accusés de tous les maux. Et c’est justement ce moment, où les projecteurs étaient braqués sur les microbes, que Baiame a choisi pour faire porter un autre discours, une voix dissidente.

La mission a débuté avec un texte Manifeste, L’Appel microscopique du 18 juin, qui permet à Baiame de sélectionner un équipage de douze artistes afin de descendre dans ce monde méconnu pour nous ramener des dessins capables de bouleverser nos a priori et enrichir nos imaginaires. Cette première expédition a consisté pour eux à explorer les recoins encore inconnus de cet empire microscopique. Leur mission : générer un corpus d’illustrations pour créer une nouvelle imagerie microbienne, loin des clichés implantés dans nos imaginaires collectifs depuis des siècles.

Enfin, pour diffuser ce message, Baiame a ordonné à un escadron de bactéries de produire l’or bleu, une magnifique encre indigo, bien plus écologique que son équivalent pétrochimique, afin de reproduire ces illustrations. Cette innovation a été confiée à une jeune entreprise révolutionnaire baptisée PILI, qui fait collaborer des bactéries et des humains à cette orfèvrerie moléculaire.

Chanter les louanges des microbes, ce n’est pas commun. Mais c’est la seule manière de réveiller les imaginaires décadents et léthargiques qui nous font croire que ces êtres microscopiques seraient nos ennemis alors qu’une infime minorité d’entre eux trouble la prospérité des vivants, là où l’immense majorité des microbes s’avère vitale.

Les saintes paroles de Baiame

Baiame reste le plus souvent caché dans l’enveloppe terrestre. L’invoquer ne permet d’obtenir qu’un lointain écho. Il semble s’amuser à nous renvoyer sa propre énigme. La curiosité et l’insistance se heurtent le plus souvent à sa désinvolture. Alors qu’on le questionne sur son royaume, Baiame offre des éclats de monde. Mais il est déjà apparu ici ou là. De rares témoignages en font état et rapportent des apparitions sous les traits d’une créature protéiforme miroitante qui semble endosser et retranscrire la puissance de ce royaume microscopique.

Une seule trace a pu nous parvenir, une sorte de suaire en mouvement.

À la suite de cette apparition, il aurait prononcé ces mots :

"Je n’ai pas de visage car je suis la totalité du monde vivant. Je suis son passé, son présent et son futur. Je suis ce qui est et je n’ai pas à me dévoiler pour t’apparaître puisque je suis partout où tu poses ton regard. Si je me présentais à toi tel que je suis réellement, je t’éblouirais. Si je rappelais à moi tous les sujets de mon royaume, je t’engloutirais. Je ne peux prendre forme qu’en empruntant des chemins détournés, à travers des échos, des reflets, des visions. Sache que je t’échapperai toujours tout en te possédant entièrement, de la tête aux pieds, lové entre tes orteils et tes aisselles, pelotonné dans tes narines, sur ta langue et dans la moiteur de ton sexe, encanaillé jusque dans les replis de tes intestins, encastré dans chaque fraction de ton épiderme où je monte la garde face à l’ennemi véritable.

Je suis partout mais tu ne me vois nulle part car tes yeux ne peuvent me suivre dans les profondeurs interdites du monde microscopique. J’y règne avec les miens à travers des coopérations antédiluviennes. De là, nous tirons les ficelles de la vie, ARN et ADN, composant et recomposant à loisir le théâtre du monde où tu interprètes, comme le font les autres vivants, la partition que nous avons écrite pour toi. C’est encore là, soustraits à ton regard, que nous mettons au point dans le plus grand secret les recettes antiques qui permettent à l’ensemble de la vie de se maintenir et de se frayer un chemin, sans jamais renoncer devant aucune intrigue.

Cet ordonnancement du monde implique aussi de faire de la place à l’inconnu. Toi qui ne jures que par l’ordre, tu oublies que le désordre est une composante essentielle à la vie, qui a certes besoin de stabilité mais qui nécessite aussi une fraction de chaos et d’imprévisibilité pour se continuer dans le temps, évoluer, se transformer et résister aux périls nombreux qui se présentent à elle.

Je suis le maître de l’ordre et du désordre. Je suis l’un et l’autre. C’est moi l’étranger, l’impur, celui que tu crains et repousses, alors même que je suis en toi. Accepte-moi, accepte-toi dans toute ton étrangeté, dans toute ta multiplicité. Alors seulement tu goûteras à ce sentiment de plénitude car tu seras parcouru de vie comme l’Univers est peuplé d’atomes.”