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Échangisme et sexualité horizontale

Clara Fiefort

Échangisme et sexualité horizontale

Les microbes ont inventé les prémices du sexe, et pas des moindres : le sexe à l’horizontale, une position inédite dans l’évolution.

Les microbes se reproduisent à la verticale, de manière autonome, par clonage. Chaque cellule mère se divise pour donner naissance à deux cellules filles. L’héritage génétique se perpétue ainsi selon cette chorégraphie inflexible, à quelques mutations près. Or, les variations de l’ADN sont essentielles pour survivre face à un environnement qui ne cesse de changer et d’exercer de nouvelles pressions de sélection. Il fallait donc trouver d’autres manières de diversifier son patrimoine génétique.

C’est alors que les microbes ont commencé à commercer de manière inédite, en faisant circuler entre eux des petits morceaux d’ADN, pratique assimilable à une sexualité primitive et approximative : transférer des informations génétiques, cela veut dire s’enrichir, se métisser et c’est cela le sexe dans sa définition la plus littérale. Parfois, ces liaisons s’opèrent de manière encore plus intime, notamment dans le cas des endosymbioses. C’est ainsi qu’une bactérie a pénétré un autre micro-organisme et s’y est implantée durablement. Le génome de cette bactérie a par la suite été transféré dans le noyau de la cellule hôte et le micro-organisme fantôme est ainsi devenu un organite, mitochondrie ou chloroplaste. Cette union est une forme de sexualité extrême où les deux partenaires se donnent à jamais dans une relation fusionnelle et indéfectible. De cette étrange étreinte est né un nouveau royaume du vivant dont nous sommes issus.

Les microbes peuvent même établir des pratiques sexuelles, toujours de manière involontaire, avec nous autres humains. Sans consentement ni volonté de part et d’autre, nous faisons l’expérience, à travers les différentes entrées en contact avec des microbes, d’une sexualité purement moléculaire. La preuve en est que ces petits fragments d’ADN de virus se sont retrouvés dans nos cellules jusqu’à constituer une part de notre génome, devenue essentielle au fil du temps.

Le dessin donne à voir le Kamasutra des microbes. Des êtres s’adonnent à des danses voluptueuses, font jaillir des pili et autres appendices qui s’entortillent d’un microbe à l’autre. Au centre trône une entité lascive avec ses tentacules qui ondulent et irriguent les alentours. Elle semble régner en maîtresse de cérémonie sur cette orgie microscopique. On rougit devant la débauche désoxyribonucléique et les étreintes aux accents lubriques que prennent le transfert latéral de gènes et les multiples endosymbioses.

On devine le microbe adepte du bondage et du fétichisme quand on voit tous ces accessoires. Chaque baiser, chaque étreinte est l’occasion de donner et de récupérer un peu de matériel génétique. L’ensemble esquisse des chorégraphies organiques dont la vision kaléidoscopique redouble l’effet miroir qui scande la vie des microbes : chaque cellule se démultiplie à une cadence infernale et profite des interstices pour nouer des relations éphémères. Le dealer d’ADN n’est jamais bien loin, le plus souvent en embuscade entre nos doigts de pieds. La plaque tournante de l’évolution est en chacun de nous. Mais c’est une infraction délicieuse et nécessaire dont nous sommes les parfaits complices.

220,00 €

Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®

Avec cette estampe, vous recevrez un certificat d'authenticité et le texte inspiré par l'œuvre ainsi qu'un lien vers sa version audio.

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