JavaScript is required
/

Mon panier

Votre panier est vide

L’Olympe au creux de nos mains

Maria Medem

L’Olympe au creux de nos mains

Nous sommes l’autel des dieux.

Des dieux bien particuliers qui ne nous dominent pas de manière écrasante depuis le sommet de l’Olympe mais qui vivent au creux de nos mains, qui ne sont pas simplement extérieurs à nous mais qui sont aussi partout sur nous et en nous, jusqu’à troubler notre identité biologique et la ramener à sa nature plurielle, polythéiste par essence. Nous sommes investis de ces forces suprêmes qu’offre l’empire microbien qui régente l’ensemble des provinces du vivant.

Nous sommes donc des demi-dieux, moitié humains, moitié microbiens.

Les micro-organismes ont laissé les dieux régner dans nos imaginaires mais nous réalisons peu à peu que ce sont eux qui tiennent les rênes du monde. Les microbes n’ont rien à envier aux dieux de l’Olympe. Comme les dieux, ils résident dans l’invisible, et comme eux, ils possèdent des pouvoirs de métamorphose, d’ordonnancement du monde et des forces démiurgiques créatrices de presque tout ce dont le vivant peut se vanter. Ils règnent sur le monde et président aux grandes fonctions métaboliques, physiologiques, climatiques, géochimiques. Infiniment petits en taille, ils sont infiniment grands en puissance. Entre autres pouvoirs de transformation du monde, ils ont rendu possible la respiration lors de la catastrophe de l’oxygène qui fut à sa manière une sorte de Titanomachie, cette fameuse lutte de la mythologie grecque entre les Titans et les Cyclopes, qui serait ici incarnée par les êtres aérobies (qui utilisent l’oxygène pour respirer) et les êtres anaérobies (qui meurent étouffés par cette même molécule).

Il s’agirait donc pour les dieux de partager le trône et de faire de la place dans nos imaginaires pour hisser ces divinités imperceptibles à leurs côtés, au sommet de la création, puisqu’ils sont la clef de voûte du vivant, à l'œuvre partout et depuis toujours.

Imaginons que la civilisation gréco-romaine ait eu vent de l’existence des microbes et de leurs pouvoirs colossaux et extravagants. Peut-être aurions-nous hérité d’une cosmogonie non pas anthropomorphique mais microbienne, associée à des légendes, des rituels, des cultes, des représentations radicalement différentes. Ce dessin nous plonge dans cette mythologie clandestine. On distingue une petite silhouette surplombée par des microbes juchés sur des colonnes antiques où l’on avait coutume de placer des statues pour honorer les divinités. Ici, ce sont donc des cellules qui se pavanent et exposent leurs corps rebondis, granulaires, filiformes ou spiralés.

En plus d’être surplombés par les microbes, qui décident en quelque sorte de notre destin, nous sommes aussi habités littéralement par ces entités. Arrêtons-nous un instant au pied de ces colonnes, pour découvrir que ces divinités cellulaires vivent aussi au creux de nos mains et partout ailleurs puisque nous sommes baignés dans cet univers où le sol lui-même est jonché de microbes. Ces petits regroupements de cellules finissent par devenir gigantesques, par recouvrir le monde, en devenir le support et le motif principal tant les microbes sont nombreux, divers, omniprésents et puissants dans nos vies. Le royaume microbien est une matrice qui tapisse le monde. C’est notre socle, notre ancrage, ce sur quoi l’on se fonde. Les microbes sont les piliers de toutes les civilisations vivantes, passées et à venir.

Au fronton du temple de Delphes était inscrit “Connais-toi toi-même”. Si nous avions consacré un sanctuaire aux microbes, le frontispice offrirait probablement ce précepte : “Tu aimeras tes microbes comme toi-même”.

220,00 €

Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®

Avec cette estampe, vous recevrez un certificat d'authenticité et le texte inspiré par l'œuvre ainsi qu'un lien vers sa version audio.

FAQ