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Nous devons notre vie à une catastrophe.
C’était au Paléoprotérozoïque, il y a 2,4 milliards d’années. Des microbes s’apprêtaient à bouleverser la vie de leurs semblables et jusqu’à la Terre qui en fut métamorphosée à tout jamais. Les cyanobactéries mirent au point un métabolisme radicalement nouveau et génial qui leur permettait de tirer leur énergie du soleil. Mais en contrepartie elles commencèrent à rejeter du dioxygène. Ce nouveau mode d’existence ne tarda pas à provoquer une asphyxie générale car l’oxygène libre constitue un poison pour les êtres qui ne savent pas l’utiliser. L’immense majorité du vivant succomba à la morsure de l’oxygène.
Mais si cette catastrophe a provoqué ce désastre, elle a aussi enfanté le monde tel que nous le connaissons. Cette hécatombe, ce massacre involontaire, a ouvert la voie à un autre chapitre de la vie sur Terre avec des conditions optimales pour que des formes de vie plus complexes se développent et se déploient. Le dioxygène a notamment refroidi l’atmosphère et a permis la mise en place de la couche d’ozone, protégeant ainsi les êtres des rayons ionisants du soleil. Les animaux, les plantes et les champignons ont peu à peu investi cette nouvelle scène, qui deviendra par la suite notre scène contemporaine, l’Anthropocène.
Le dessin raconte cette histoire fondatrice qui mêle le tragique et le sublime. Un paysage désolé s’offre à nous. Ce désert inhospitalier est traversé par un fleuve laiteux éblouissant surmonté d’un ciel tourmenté. Comme dans les mythes où la nuit tombe par la grâce d’une divinité qui tire le rideau sur le monde, un drapé s’étire dans le ciel pour matérialiser la formation de la couche d’ozone. La fenêtre est le seul élément qui témoigne d’une présence humaine. À travers elle, nous pouvons jeter un œil sur la catastrophe de l’oxygène qui nous a précédé mais aussi entrevoir les cataclysmes qui se profilent et s’annoncent déjà à l’horizon. Le dessin propose une double vision où le passé et l’avenir semblent se donner la réplique comme pour nous avertir : nous n’avons pas toujours été dans le paysage, et nous pourrions ne plus y être.
L’humain est le seul à pouvoir reconstituer le passé et prédire les évolutions du monde dans ses grandes lignes. Nous sommes issus d’une catastrophe mais nous préparons peut-être le lit d’une nouvelle Apocalypse qui nous obligera alors à tirer notre révérence et à céder la place à d’autres figurants qui changeront les règles de vie et les conditions d’habitabilité de la planète. Car la vie ne recule devant rien. L’enfer des uns est le paradis des autres. Qui nous dit que ce paysage hostile à notre égard n’est pas un eldorado pour les microbes ? Ils s’accoutument à toutes les excentricités et ont depuis longtemps appris à vivre dans des milieux extrêmes. Si nous ne parvenons pas à endiguer la crise actuelle, nous engendrerons les ruines sur lesquelles s’élèveront d’autres empires.
Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®
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