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Le nombril de Gaïa

Louise Le Marc'hadour

Le nombril de Gaïa

Nous voici au centre du monde, au beau milieu de nulle part.

Un peuple de microbes terraformeurs s’y affaire, façonne la Terre, régule le thermostat climatique, affine la composition des roches et instaure mille et une manières de relier les mondes organiques et inorganiques.

La vie n’est pas une substance magique, elle a pris forme à partir de l’inerte. C’est une réorganisation de la matière qui a provoqué le surgissement du vivant. Les microbes qui sont les premiers à avoir expérimenté la vie ont, en retour, modelé cette Terre féconde en créant au fil des temps géologiques un dialogue ininterrompu entre les mondes vivants et les mondes inertes.

Ils ont jeté des ponts, facilité les interactions, créant pour le reste des formes de vie la possibilité d’entrer en relation avec la matière inorganique. C’est ainsi que les microbes ont remanié la composition de l’air en y injectant le dioxygène essentiel à notre respiration, facilité la fixation de l’azote par les plantes, mis au point les grands cycles de la matière permettant aux êtres de revenir à la Terre afin de participer à de nouveaux assemblages, et tant d’autres choses qui signent cette alliance fondamentale qui nous relie à la Terre mère.

Chez les Grecs anciens, Gaïa la Terre possédait un centre, un nombril, marqué par l’Omphalos, une pierre langée placée devant le temple d’Apollon à Delphes.

Si l’on devait aujourd’hui repenser ce nombril, ce serait un endroit symbolique d’intenses échanges entre le ciel et la Terre que les microbes traversent, peuplent de haut en bas, des couches stratosphériques aux profondeurs terrestres.

Ce centre de gravité géologique fantasmé que nous appellerons le nombril de Gaïa est ici esquissé, non pas comme un lieu figé mais comme un espace de flux et d’interactions entre le ciel, la surface et les abîmes. Avec les microbes, le centre du monde se meut, il flotte avec légèreté et se laisse transporter par les vents. Il a une forme d’entonnoir muni d’une corolle où vont et viennent des hordes de microbes qui s’infiltrent sous terre par l’anse de cette antenne parabolique. C’est une anomalie géologique particulièrement active qui fait de ce point géographique halluciné un centre de gravité en lévitation. Le nombril de Gaïa ne s’est jamais refermé et il nous conduit dans les abîmes où l’on découvre une intense activité géochimique orchestrée par les microbes. À plusieurs kilomètres de profondeur, il était impensable de trouver de la vie mais les microbes devancent comme toujours notre imagination et dévoilent depuis peu l’immensité de ce royaume souterrain peuplé de micro-organismes qui vivent là, privés de soleil, à des températures extrêmes et des pressions insoutenables. Ce peuple de micro-mineurs tire son énergie des roches et possède un métabolisme extrêmement ralenti. Au fantasme toujours déçu de découvrir des extraterrestres, nous voici face à des intraterrestres, aliens en tout point dans leurs modes d’existence, leurs rites et coutumes étant diamétralement opposés aux nôtres, habitants des surfaces.

Nous avons cru jusqu’à très récemment que la zone critique qui porte la vie était une mince pellicule terrestre à l’échelle du globe. Mais elle est surtout réduite pour les animaux et les plantes. Les microbes, eux, s’aventurent très haut et s’enfoncent très bas. Ils règnent sur les sommets lumineux coiffés par les courants aériens comme on se figure le mont Olympe, et s’établissent dans les parties reculées et obscures des entrailles de la Terre où les imaginaires humains ont placé les Enfers, incapables que nous sommes de concevoir que les ténèbres et les températures infernales soient supportables pour qui que ce soit. Mais il ne faudrait pas en conclure que nous devrions cesser de nous regarder le nombril. Car c’est précisément l’endroit du corps humain qui héberge des bactéries extrêmophiles, celles-là même qu’on retrouve dans les volcans et les milieux les plus inhospitaliers. Notre nombril est une terre d’asile pour ces populations ostracisées, mais aussi la porte d’entrée sur le ventre de la mère et celui de la Terre.

220,00 €

Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®

Avec cette estampe, vous recevrez un certificat d'authenticité et le texte inspiré par l'œuvre ainsi qu'un lien vers sa version audio.

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