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Nos forêts natales

Sammy Stein

Nos forêts natales

Le véritable roi de la jungle n’est pas le lion mais le microbe. C’est lui qui règne sur le vivant, lui insuffle la vie, imprime sa loi dans ses chairs, lui offre de quoi vivre, se nourrir, se protéger et peut à l’occasion faire volte-face. Il est le maître incontesté de l’ordre et du désordre bien qu’il soit resté longtemps dans l’ombre de son œuvre majeure : la sculpture du vivant.

Il est grand temps de refaire la photo de famille de cette arche de Noé tronquée. On s’est longtemps accrochés à l’image de l’arbre comme synthèse de l’évolution mais cette métaphore est trompeuse. Elle insinue que la vie pousse dans une direction spécifique et que les êtres les plus évolués nichent sur les plus hautes branches. Elle laisse aussi penser que les vivants se métamorphosent séparément dans des couloirs évolutifs distincts alors que l’évolution est pétrie de croisements, de métissages, de symbioses et de relations enchevêtrées presque impossibles à démêler. L’évolution verticale s’avère aussi horizontale avec le transfert latéral de gènes et de nombreuses transactions génétiques qui brouillent les frontières. Ainsi, les microbes forment la trame du vivant, sa matrice et sa puissance de transformation principale. Ils en sont les co-auteurs avec les forces évolutives du hasard, et permettent à la vie de se renouveler de manière plus rapide et plus étonnante encore.

Le projecteur est sans cesse braqué sur les êtres qui nous sont proches. Or, l’essentiel du vivant ne nous est pas familier. Les microbes sont les plus nombreux et les plus divers et c’est à peine s’ils commencent à prendre la place qui leur revient. Plus nous nous penchons sur le monde microscopique, plus le nombre et la diversité de ses habitants se font gigantesques. Nous savons désormais que les animaux et les plantes, que l’on croyait si nombreux, ne constituent en réalité qu’une part marginale des habitants de la Terre.

Les représentations scientifiques peinent à rétablir la balance et à faire sentir cet enchevêtrement, ces parentés emmêlées et ces forces internes qui débordent l’imagination. C’est là que le dessin a toute sa force pour venir au secours d’une impossibilité à dire et à montrer.

Ici, les parentés entre les vivants prennent la forme d’une jungle luxuriante faite de lianes dont certaines se confondent après avoir enlacé les branches comme un cobra faisant corps avec sa proie. Ces tentacules noient le dessin et proviennent, dans l’immense majorité, des microbes qui sont à la fois les sujets de la vie mais aussi les artisans de son infrastructure secrète. Dans cette forêt impénétrable, on distingue une majorité d’êtres unicellulaires, globulaires et rudimentaires qui rappellent leur abondance réelle et rectifient les proportions à l’avantage absolu des microbes. Les bactéries et les virus disséminent des fragments d’ADN sur la forêt, l’ensorcellent et métamorphosent peu à peu les êtres qui la peuplent. Le réseau de la vie est irrigué par ce fleuve microbien, envoûté par ses agissements invisibles et innombrables.

À nous désormais de voir que l’arbre cache la forêt de l’évolution.

220,00 €

Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®

Avec cette estampe, vous recevrez un certificat d'authenticité et le texte inspiré par l'œuvre ainsi qu'un lien vers sa version audio.

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