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Qui sommes-je ?
C’est de cette manière que nous pourrions désormais entreprendre d’explorer notre nature profonde. Nous sommes non seulement habités par des personnalités, des désirs multiples mais aussi littéralement par des milliards d’autres êtres vivants. Nous sommes des êtres pluriels, des identités versatiles et chamailleuses prises dans un corps où co-existent des hordes de cellules humaines et microbiennes qui entretiennent à notre insu des liaisons capitales.
Notre corps parle la langue de peuplades microbiennes, dix fois plus nombreuses en nous que nos propres cellules. L’humain sait, depuis Copernic, qu’il n’habite pas au centre de l’Univers et depuis Darwin qu’il n’est pas au sommet de l’évolution. Il devra vivre désormais avec une nouvelle blessure narcissique : il n’est pas une entité pure mais le siège d’innombrables autres espèces sans lesquelles il ne pourrait pas vivre. Chaque être vivant est à lui seul un écosystème foisonnant, un monde extrêmement riche que les scientifiques appellent « holobionte » pour désigner l’alliance de l’hôte et de ses colocataires microbiens. Ces derniers vivent nichés dans les moindres recoins de notre corps où ils exécutent mille et une prouesses, partout sur la peau et dans les muqueuses où ils régulent quantités de paramètres, fabriquent une barrière contre les pathogènes, mais aussi dans des zones spécifiques où ils président aux fonctions métaboliques, dans le système digestif où ils décomposent et facilitent l’absorption des aliments...
Le dessin s’offre en deux temps. De loin, on distingue la silhouette d’un éléphant. En se rapprochant, on voit que le corps de l’animal est le siège de créatures qui l'habillent d’un feuilleté bourré d’êtres insolites qui s’affairent de la croupe à la trompe. Comme dans les peintures d'Arcimboldo où le visage est constitué de fruits, l’architecture du pachyderme est faite de microbes pour dire leur prévalence. Ces derniers esquissent les contours d’un navire animal qui nous apparaît enfin dans sa dimension plurielle et fondamentalement chimérique.
Regardez autour de vous, il n’y a que des holobiontes, des collectifs, des alliances innombrables et indéfectibles. Le nénuphar, la mouche, le guépard, tous vont et viennent, poussent, volent et galopent avec leurs cortèges de microbes. Et ces coalitions intimes, loin d’être figées, évoluent, se transforment et se transmettent de génération en génération.
Le microbe fait voler en éclat le dogme de l’individu unique. Il nous invite à voir l’autre en nous, à accepter cette altérité tant redoutée. Il nous introduit à la polyphonie et exauce les chimères des mythes et des légendes.
Il nous faut désormais apprivoiser, négocier avec cette vie exotique que l’on a en partage à bord de ce vaisseau collectif.
Sérigraphie numérotée, édition limitée 100 ex Format : A2 (59,4 x 42 cm) Encre : indigo biosourcé PILI (pigment écologique issu de fermentation et chimie verte) Papier : 240g FSC®
Avec cette estampe, vous recevrez un certificat d'authenticité et le texte inspiré par l'œuvre ainsi qu'un lien vers sa version audio.